• II Chapitre 21

     

    Bien que les vacances d’été semblaient apaiser le maitre de potion, il se retrouvait à devoir faire un peu plus de réunion et de présence au près du seigneur des ténèbres, un double jeu qui lui fit reprendre des distances avec Emilie. Il ne le réalisait pas, mais la peur que Voldemort finisse par sentir sa présence à ses côtés, comme lui avait sous-entendu Lucius qui lui avait confié que le seigneur des ténèbres se posait des questions. La peur qu’il veuille l’utiliser, avait progressivement rendu Severus plus froid. Bien que parfois ses sentiments reprenaient le dessus et il venait l’enlacer avec tendresse, elle ne pouvait plus ôter ses doutes de son esprit que non seulement il n’effaçait jamais mais qu’il accentuait.

     

    Severus avait le sommeil agité, il faisait un cauchemar, encore. Et encore, elle s’éveilla pour venir le prendre dans ses bras, le serrer contre sa poitrine. Il la serrait avec force et s’apaisait. Mais cette nuit là, elle l’entendit soupirer un « li », une fin de prénom pour elle sans doute possible. Il rêvait de Lily, de ce jour où il l’avait retrouvé morte.

     

    Et c’était le cas. Ignorant juste qu’il voyait Emilie à sa place.

     

    Au matin, Rogue, s’éveillant, fit glisser sa main pour sentir la jeune femme contre lui. Mais il réalisa qu’elle n’était pas là, pas à côté de lui. Il a soudainement ouvert les yeux au contact des draps vides et s’est apaisé en la voyant là, assise sur le bord du lit. Elle semblait songeuse et il glissa vers elle pour venir effleurer son bras du bout des doigts. Elle vient poser sa main contre la sienne et soupira doucement.

     

    Emilie : « Tu as encore fait un cauchemar »

    Severus : « Je suis désolé, je t’ai réveillé ? »

     

    Elle a pivoté pour venir lui caresser la joue.

     

    Emilie : « C’est rien, mais tu vas bien ? »

    Severus : « Hm, ne t’inquiète pas, ça passera »

     

    Elle l’a embrassé tendrement avant de partir à la douche, espérant qu’il la rejoigne, mais pas ce matin. Elle pouvait l’imaginer assit dans le lit, songeur, repensant sûrement à cette femme.

     

    Essayant de se détendre sous l’eau elle songeait pouvoir continuer. Elle l’aimait tant. Elle croyait pouvoir lui laisser le temps de l’aimer à son tour, même si ce ne serait jamais aussi fort. Elle pensait pouvoir le faire.

     

    Elle pouvait comprendre qu’il se sente coupable. Mais la froideur dont il faisait désormais preuve avec elle était de trop. Il ne lui ouvrait plus son bras pour qu’elle vienne contre lui afin de lire la gazette. Voilà désormais trois semaines qu’il ne lui avait pas adressé un seul geste tendre et il venait même à rejeter son affection.

     

    Une après-midi, pendant qu’il lisait, elle vient s’approcher de lui et posa sa main contre la sienne en lui proposant un thé. Il avait juste répondu un « hm », et avait éloigné sa main de la sienne en tournant une page. Le cœur lourd, elle était partie dans la cuisine pour mettre l’eau à chauffer et préparer le thé.

     

    Emilie : « Juste une journée, tu pourrais l’oublier ? »

     

    Un silence avait prit place, et elle est revenue dans le salon en posant le plateau sur la table. Il avait levé son regard du livre pour la fixer.

     

    Emilie : « Une journée, pourrais-tu cesser de penser à Lily Potter et à cette fausse culpabilité ? »

    Severus : « Fausse ? »

     

    Son ton, son grognement, n’était pas signe d’une réponse à une provocation, il était énervé. Il a refermé son livre pour le poser à côté de lui en la fixant.

     

    Emilie : « Ce n’est pas toi qui l’a tué »

    Severus : « Si. Si c’est moi qui l’ait tué ! C’est à cause de moi ! »

    Emilie : « Non ! C’est lui et lui seul ! »

    Severus : « En lui parlant de ce que j’ai entendu, c’était la condamner et je le savais ! Ce soir là c’est moi qui aurait du mourir, pas elle ! »

     

    Emilie serra les poings à cette dernière remarque et son regard si vif.

     

    Emilie : « Tu le penses vraiment ? »

    Severus : « Elle était une belle personne, jamais elle n’aurait du mourir ! Moi oui ! »

     

    Elle abaissa le visage et il soupira en reprenant son livre. Ravalant sa peine, elle est montée dans la chambre. Essayant de lire de nouveau, il n’arrivait pas à se concentrer, il sentait que quelque chose n’allait pas. L’entendant redescendre, il referma l’objet et se leva pour venir vers le couloir. Elle passa à côté de lui avec une valise qu’elle posa par terre pour attraper son manteau.

     

    Severus : « Que fais-tu ? »

    Emile : « Je m’en vais Severus »

    Severus : « Comment ça ? »

     

    Elle ne partait pas en mission, il le savait. Il fit un pas de plus vers elle qui après un bref soupire tourna son attention vers lui.

     

    Emilie : « J’ai vraiment cru pouvoir continuer, pouvoir endurer. Mais je ne peux plus »

    Severus : « Emilie »

    Emilie : « Alors tu t’en souviens finalement de mon prénom ? »

     

    Ironisa-t-elle avant de le voir légèrement pencher la tête. Voilà longtemps qu’elle ne l’avait pas entendu prononcer son prénom.

     

    Emilie : « Il y a une semaine j’ai renvoyé mes affaires dans ma famille, tu n’as même pas remarqué que ma chouette n’était plus ici »

     

    Le réalisant, il détourna le visage brièvement, comme pour réfléchir et oui, il n’avait pas vu son animal depuis un moment.

     

    Emilie : « J’ai cru que tu m’aimais, puis j’ai cru que tu pourrais m’aimer. Je t’aime, sincèrement Severus, mais je dois m’avouer vaincu. Je me retire »

     

    Elle attrapa sa valise et l’observa une dernière fois.

     

    Emilie : « Je ne t’en veux pas. Je m’en veux à moi, j’aurais du le réaliser plus tôt même si j’étais déjà trop attachée à toi. Tu es l’homme d’une seule femme et ce n’est pas moi. Je n’aurais jamais ma place dans ton cœur. J’espère sincèrement que tu arriveras un jour à surmonter cette histoire et réussir à trouver un peu de gout dans cette vie même sans elle. Tu le mérites »

     

    Sur ses mots, elle lui tourna le dos et passa la porte.

     

    Severus sentit son cœur s’alourdir soudainement, lui qui était pétrifié sur place sursauta et accouru pour rouvrir la porte mais elle avait déjà disparu. Il vacilla jusqu’à son salon, la porte claquant derrière lui.

     

    Les jambes tremblantes, il s’assit dans le canapé.

     

    Il leva les yeux vers le fauteuil et se revoyait avec elle, elle contre lui. Puis il la voyait s’approcher et lui ne plus ouvrir son bras pour l’accueillir. Il s’entendait parler de Potter. Il se revoyait rejeter sa tendresse. Il se souvenait de s’être entendu prononcer un « lie » avant de sentir des bras l’entourer avec tendresse et se rendormir sereinement. Il se revoyait rejeter sa main. Il ne s’entendait plus l’appeler par son prénom.

     

    Ses larmes longeaient ses joues alors qu’il s’entendit lui dire à l’instant qu’il aurait du mourir. Que Lily était une belle personne.

     

    Severus : « Qu’est-ce que j’ai fais ? »

     

    Il plaqua ses mains contre son crâne, le serrant en se balançant légèrement d’avant en arrière, entendant son aimée lui dire qu’elle n’aurait jamais de place dans son cœur. Son cœur qui lui faisait désormais mal. Il avait dû mal à respirer, suffoquant.

     

    Il l’aimait tant.

     

    Deux jours durant, il ne quitta pas son canapé, resongeant à tous ces moments qu’il avait partagé avec elle. Toutes ses émotions, ses sensations, ses sentiments. Et puis le silence lourd de la maison a finit par l’assommer, il en avait fait le tour, laissant d’énièmes souvenirs l’envahir lorsqu’il se couchait, lorsqu’il était dans la cuisine, qu’il se douchait, qu’il s’asseyait dans le fauteuil.

     

    Il avait l’impression qu’elle était encore un peu là, avec lui.

     

    Il se répétait des centaines de fois par jours que c’était mieux pour elle. Elle était loin de tout danger désormais. Loin du mal. Loin de lui. Certainement était-elle plus heureuse maintenant.

     

    Lorsque la douleur de son absence était trop difficile, il ouvrait sa montre à gousset et observait cette photo d’eux deux qu’il avait inséré dans le couvercle. La seule photo qu’il avait d’elle. Il s’en souvenait de ce jour où elle était dans ses bras et lui avait fait abaisser le journal. Il avait vu l’appareil photo en lévitation et les viser pour les prendre en photo. Pour capturer ce moment.

     

    Lucius avait aussi remarqué sa froideur, l’absence de lumière dans son regard si sombre, si menaçant. Il avait comprit en repassant chez lui qu’il n’y avait plus la jeune femme. Alors il n’en avait plus fait allusion pour ne pas le blesser davantage.

     

    Son absence l’avait assombrit, il se montrait encore plus venimeux et protecteur envers Potter. Il n’était plus juste le symbole de son erreur et de la mort de Lily. Non, désormais il était aussi la cause de la perte de sa moitié. La cause de cette sensation de vide. Et il ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter, le protéger. Parce qu’il devait vaincre Voldemort, parce qu’il ne devait pas avoir perdu Emilie pour rien.

     

    Dumbledore : « Serait-ce des remords Severus ? »

    Severus : « Vous l’avez maintenu en vie pour qu’il puisse mourir au bon moment ? »

    Dumbledore : « Ne soyez pas choqué, Severus. Combien d’hommes et de femmes avez-vous vus mourir ? »

    Severus : «Vous vous êtes servi de moi. »

    Dumbledore : «Que voulez-vous dire ? »

    Severus : « Que j’ai espionné pour vous, menti pour vous, que j’ai couru des dangers mortels pour vous. Tout cela devait assurer la sécurité du fils de Lily Potter. Et maintenant, vous m’annoncez que vous l’avez élevé comme un porc destiné à l’abattoir… »

    Dumbledore : « Voilà qui est très émouvant, Severus. En êtes-vous venu à éprouver de l’affection pour ce garçon ?»

    D’un mouvement de baguette et d’un « Spero Patronum » une biche se forma et sautilla dans la pièce avec grâce avant de disparaitre en passant la fenêtre. La biche, symbole d’amour. Un amour.

    Dumbledore : « Après tout ce temps ?»

    Severus : « Toujours »

     

    Le directeur se souvenu alors. Peut après qu’Emilie l’ai quitté, le directeur, ayant perçu le désarroi chez Rogue, il l’avait convoqué. Il avait engagé la conversation sur ce sujet qu’il savait délicat. Il ne pu que constater les forts sentiments du maitre de potion, de sa blessure. Il lui avait fait jurer de ne rien dire, à personne, encore moins à Potter, qu’il protègerait non plus pour ce qui était arrivé à Lily, mais aussi parce qu’Emilie lui avait demandé de tourner la page de ce passé. Dumbledore avait accepté de taire ce que ce sombre sorcier avait de bon en lui.

    Et puis la guerre approchait. Elle allait sonner.

    Il avait comprit en se retrouvant dans cet endroit, seul avec le seigneur des ténèbres qu’il ne pourrait désormais plus se battre. Que ça s’arrêtait là pour lui.

     

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