• II Chapitre 13

     

    Le bal d’Halloween était arrivé, Conni comptait bel et bien réitérer sa demande pour avoir une réponse. Mais un nouveau détail vient mettre son plan à l’eau. Le directeur, d’humeur visiblement très joueur et inventif décida de mettre le château sous un sort de métamorphose. Ainsi, à partir de 18h et jusqu’à ce que les élèves retrouvent leurs dortoirs respectifs, il n’y aura plus que deux silhouettes, deux personnes, Havelock Sweeting et Cliodna.

     

    Soit un homme de corpulence moyenne, assez grand, blond, les cheveux tombant dans la nuque, moustache et petit bouc pointu. Le tout dans une tenue de noble moyenâgeux dans les teintes violet et orange.

     

    Et une femme, les cheveux long jusqu’aux fesses, brun presque roux, les yeux noires. La taille marquée avec des hanches généreuse des doigts longs et fins. Dans une robe verte foncée, longue et des broderies noires.

     

    Seuls les voix, baguettes et les bijoux de la personne ne changeront pas.

     

    Alors dans leur chambre, Naska se demandait si le directeur allait réellement faire cela et lorsque la cloche sonna à 18h, elle ne put que constater que oui. S’examinant sous toutes les coutures, n’étant pas trop déçu du choix du directeur, il en était tout autre pour Severus. Se voir en blond avec un bouc et une moustache… Et puis cette tenue ?!

     

    Arrivant dans la salle commune, à voir toutes ses têtes similaires avait quelque chose de cauchemardesques. Même le directeur, qui venait de se mettre devant son pupitre, assurément amusé lui.

     

    Dumbledore : « Que la soirée, commence ! »

     

    Rogue se sentit mal à l’aise, comme d’autres qui venaient de perdre dans la masse les personnes dont ils étaient proches. Ne voulant prendre de risque il partit vers le buffet et s’installa dans un coin dans l’idée de disparaitre ainsi ou quitter simplement cette pièce prématurément.

     

    Buvant doucement une coupe, son attention se posa sur un poignet. Un bracelet en particulier. Il l’avait déjà vu mais pas n’importe où. Pas sur n’importe qui. Le suivant des yeux, il s’approcha de son visage puisqu’elle porta sa coupe à ses lèvres.

     

    Et puis il réalisa, ainsi, il n’y avait aucune chance pour être reconnu. Il n’avait juste pas à parler. Et un soir, juste un soir, il pourra la tenir contre lui et échanger une valse.

     

    Juste un soir.

    Juste une fois.

     

    Il posa la coupe et partit vers elle, se faufilant dans la masse, il effleura son bras et elle se tourna. Il la vit surprise et il s’inclina poliment en lui tendant une main. Son cœur battait si vite d’inquiétude, mais il se calma aussitôt qu’elle glissa sa main dans la sienne. Un frisson le longea et il se retient de sourire, heureux. C’était bien elle.

     

    Il l’amena vers la piste de danse et glissa sa main libre dans le creux de son dos. L’effleurant, se faisant délicat, il la rapprocha de lui. Il frissonna en sentant sa main longer le haut de son buste pour venir sur son épaule.

     

    Se laissant guider par la musique, il ne sentit pas ses propres doigts se crisper sur elle en sentant la fin de la mélodie approcher. Il ne voulait pas que ça cesse. Ignorant qu’elle partageait le même sentiment. La même appréhension de la fin. Elle l’avait reconnu, à cet instant où elle s’était retournée et avait croisé son regard. Si intense. Et la chaleur de sa main autour de la sienne ne lui avait que confirmer. Elle ne pouvait pas croire qu’il soit venu au hasard. Pas lui.

     

    Mais elle avait peur tout de même. Un doute. Une crainte qu’il ne soit pas venu pour elle, cependant il reconnaitrait sa voix. Alors quand la musique s’arrêta, elle resserra ses prises et murmura.

     

    Emilie : « Une autre »

     

    Un slow venait de s’enchainer à la valse. Il avait cru rêver ses mots et se mit à douter. L’avait-elle reconnu ? Lui demandait-elle cela consciemment ? Il avait envie d’y croire. Presque timidement, il lâcha sa main pour venir la poser sur sa taille avec l’autre. Il la vie esquisser un sourire en passant ses bras autour de son cou. La serrant avec tendresse contre lui, il profita qu’elle vienne cacher son visage dans son cou pour appuyer sa joue contre ses cheveux.

     

    Il la sentit trembler légèrement et resserrer son emprise. Il aurait pu s’inquiéter mais non. Lui-même manquait de trembler comme une feuille. Il resserra son étreinte et ferma les yeux. Elle sentait son souffle tremblant et comprit que cette sensation de manque était pleinement partagée.

     

    Alors pourquoi ?

     

    La musique toucha à sa fin et difficilement ils se séparèrent. Le cœur lourd à devoir la laisser il lui prit la main et l’embrassa sur le dos avant de se fondre dans la masse. Elle l’observa disparaitre dans toutes ses pales copies. Le style de musique changea et elle retourna vers le buffet, réussissant à retrouver ses collègues.

     

    Naska : « Alors, tu sais qui c’était ? »

    Emilie : « Hm »

    David : « Il t’a plus on dirait »

    Leric : « Tant que tu nous annonces pas que c’est Thomas ou un de ses potes »

    Emilie : « Non »

    Conni : « Alors c’est qui~ ? »

    Emilie : « Je ne dirais pas »

     

    Ils allèrent ensemble danser et passer le reste de la soirée avant de bien vouloir rejoindre leur chambre. Retrouvant d’abord leur apparence avant de retrouver leur pyjama et leur lit. Conni, sur le lit d’au dessus se pencha pour regarder Emilie.

     

    Conni : « Allé c’est qui ? »

    Naska : « Cherche pas, elle ne dira pas »

     

    De son côté le professeur avait préféré éviter de voir un de ses collègues ou quiconque et avait rejoint ses appartements bien tôt. Allongé dans son lit, observant le plafond, il se mit sur le côté et observa cette place vide à côté de lui. Il pouvait encore la sentir entre ses mains, se nicher dans son cou, trembler, le serrer un peu plus.

     

    Cette étreinte, il ne l’oublierait pas. Jamais.

     

    Mais à peine ferma-t-il les yeux qu’il se revit marcher dans ce couloir, qu’il aperçu ce corps. Il se réveilla en sursaut, en sueur et alla se prendre une douche fraiche avant de s’habiller et errer un instant dans le château. Profitant du calme encore un peu présent avant de rejoindre la grande salle. Progressivement les élèves entrèrent pendant qu’il échangeait avec Dumbledore qui était plutôt satisfait de son idée.

     

    Albus : « Qu’en avez-vous pensé ? »

    Severus : « Que vous auriez plus choisir quelqu’un d’autre »

     

    Le directeur s’en amusa. McGonagall elle était satisfaite pour les femmes. Mais Severus ne l’écoutait plus que d’une oreille distraite. Son attention venait d’être happée par une présence, un regard qui faisait battre trop chaleureusement son cœur. Il abaissa les yeux, se disant, se répétant qu’il ne pouvait pas. Il n’avait pas le droit.

     

    Les chouettes allaient et venaient dans la pièce pour déposer des lettres, des colis. Un bruit, familier au professeur lui fit lever les yeux et il vit sa chouette venir vers lui. D’un vol élégant, elle vient lâcher une enveloppe qu’il attrapa sans soucis avant qu’elle ne reparte.

     

    Un « Severus Rogue » était élégamment écrit sur l’avant. Il ne recevait que rarement du courrier et l’idée soudaine que ça puisse… Il releva les yeux vers l’élève qui tourna brièvement son attention vers lui avec un discret sourire en coin. Il ouvrit la lettre et un simple « Serre n°6, 16h » était écrit.

     

    Albus : « Un soucis professeur ? »

     

    Son air figé venait d’inquiéter le directeur, mais son intervention le fit refermer l’enveloppe.

     

    Severus : « Aucun »

     

    Abrégeant son déjeuné, il partit pour ses appartements où il ne semblait vouloir en sortir. Corrigeant les copies, réfléchissant à ses cours. Il ne cessait de dévier son regard vers l’enveloppe, vers l’heure. De se répéter qu’il n’irait pas.

     

    Emilie s’appuya contre le plan de travail, soupirant lourdement en abaissant les yeux vers le sol. Viendrait-il ? Elle en doutait. Elle avait prit un risque en lui proposant rendez-vous plutôt que de réussir à l’intercepter au détour d’un couloir pour lui parler. Mais elle ne pouvait pas oublier son souffle, ses bras la serrer avec tendresse, cette sensation de protection.

     

    Elle leva son regard vers les petites vitres en haut qui laissait voir un peu de ciel.

     

    Trouvant le temps beaucoup trop long, elle abaissa son regard vers son poignet et soupira de nouveau en voyant qu’il avait désormais vingt minutes de retard. Elle avait pourtant réfléchit à cette possibilité, mais ça la blessait. Se redressant pour partir, elle entendit la porte et vit cet homme qu’elle n’espérait plus se montrer.

     

    Severus : « Ne songez pas que je suis venu ici parce que vous me lavez demandé ! »

     

    Aboya-t-il.

     

    Severus : « Mais je vous sais assez sotte pour attendre inutilement »

    Emilie : « Vous avez raison »

     

    Il semblait si nerveux. Elle s’approcha et lui saisit le visage pour plaquer ses lèvres contre les siennes. Ce rustre. Il lui avait tant manqué. L’effet de surprise dissipé, ses lèvres se mirent à caresser les siennes sans qu’il ne leur en donne l’ordre et ses mains glissèrent le long de ses avant bras pour venir contre ses épaules.

     

    Lentement, elle recula le visage et s’autorisa quelque seconde de répit dans son regard hypnotique avant d’attaquer le pourquoi de se rendez-vous.

     

    Emilie : « Je suis idiote. Mais pas seulement, je suis aussi têtue et j’ai besoin de comprendre. Je ne me contenterais pas d’un « je ne peux pas ». Je veux savoir. Et ne me sortez pas l’excuse du rapport prof/élève, je sais qu’il y a autre chose. »

     

    Retrouvant ses esprits, il se détacha d’elle pour s’éloigner de quelques pas vers le centre du labo.

     

    Severus : « Il n’y a rien à savoir. Je ne peux pas »

     

    Sentant l’énervement monter en elle, elle revient vers lui et le tira par le bras pour lui faire face.

     

    Emilie : « Dans les yeux. Dites moi, pourquoi. »

    Severus : « Pourquoi insistez-vous ? »

    Emilie : « Pourquoi m’avoir invité à danser ? »

    Severus : « C’était une erreur »

     

    Il voulut la contourner mais elle n’avait pas finit et se mit sur son chemin.

     

    Emilie : « Je ne vous crois pas… Vous pourrez me dire les horreur que vous voulez. Je ne vous croirais pas. Je veux la vérité »

    Severus : « La vérité ?! »

     

    Son air menaçant prit place sur son visage et il la plaqua contre le plan de travail avant de l’encadrer de ses bras.

     

    Severus : « La vérité, mademoiselle Jones, c’est que je ne suis pas quelqu’un de bien. Être à mes côtés ne vous apportera que blessure et peine »

    Emilie : « C’est tout autre chose que j’ai ressenti hier soir »

     

    Il se redressa, reculant.

     

    Emilie : « Vous dites cela pour me faire peur, vous vous mentez à vous-même »

     

    Parce que lui-même avez peur ?

     

    Severus : « Vous vouliez la vérité »

     

    Il s’apprêta à se tourner vers la sortie mais elle l’intercepta d’un « d’accord » avant de se mettre devant lui.

     

    Emilie : « Je veux prendre le risque »

    Severus : « Pardon ? »

    Emilie : « Je prends le risque »

    Severus : « Vous ne pensez pas ce que vous dites »

     

    Elle lui saisit le col de sa veste et lui vola un baiser qui lui arracha un nouveau frisson et lui fit poser ses mains sur sa taille.

     

    Emilie : « Je suis très sérieuse »

     

    Lorsqu’il plongeait dans son regard il n’avait pas peur, mais cette voix lui revient pour lui dire de se méfier, qu’il n’était qu’une horreur, une erreur. Il apporta sa main libre près de son visage et lui effleura la mâchoire. Cette autre voix vient lui susurrer qu’il n’y avait pas de raison qu’il n’ait pas le droit lui aussi à un peu de douceur dans ce bas monde. Et c’est celle-ci qui gagna ce match. Il l’embrassa avec fougue comme s’il ne l’avait guère embrassé depuis des jours et elle vient se coller à lui, commença à passer ses bras autour de son cou, il la sentit sourire et fit de même, sentant sa poitrine s’alléger d’un poids, présent depuis des années, qui l’étouffait.

     

    Mais des pas, une présence, il recula brusquement et elle alla se plaquer contre le mur.

     

    Rusha : « Professeur Rogue ? »

    Severus : « Oui ? »

    Rusha : « Que faites vous là, seul ? »

     

    Comment osait-elle le questionner ? En quoi cela la regarder ? Si elle songeait pouvoir lui faire perdre sa répartie, elle allait s’en mordre les doigts.

     

    Severus : « Et vous ? »

    Rusha : « Euh… Je… »

    Severus : « Bien, alors si vous ne savez pas, merci de me laisser travailler »

    Rusha : « Oui bien sûr »

     

    Elle tourna les talons et s’en alla. Son regard partit sur le côté et il observa son élève, là, adossait au mur, se mordant la lèvre et visiblement amusée.

     

    Severus : « Ca t’amuses ? »

     

    Il venait de la tutoyer ? La surprise se lu sur son visage et il se raidit en réalisant. Elle s’approcha alors et vient lui voler un tendre baiser.

     

    Emilie : « Beaucoup »

     

    Il lui saisit le menton.

     

    Severus, marmonnant : « Tu n’es pas si sage pour une Serdaigle »

    Emilie : « Il semblerait »

     

    Il se pencha pour l’embrasser mais du bruit se fit entendre et elle recula rapidement pour se cacher. Personne, surement quelqu’un qui passait à côté de la serre.

     

    Emilie : « Je vais attendre avant de partir après toi »

     

    Il acquiesça d’un mouvement de tête et quitta la serre pour rejoindre le château. Marchant le long des allées, seul, il prenait conscience à chaque pas de ce qu’il venait de se passer et étrangement, il n’avait plus peur. Non, il se sentait bien, heureux et même fier.

     

     

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