• II Chapitre 10

     

    Les deux duélistes ont fini par mettre fin à leur petite sieste réparatrice. Lits face à face dans l’infirmerie, entourait d’un tissus, chacun se changeait pour quitter cette pièce. Thomas tira le premier sur la séparation et son regard partit vers sa camarade qui était en face de lui et venait à son tour de se montrer dans son uniforme.

     

    Un silence prit place dans ce tête à tête.

     

    Les muscles de la mâchoire du jeune homme étaient visiblement crispés. Elle l’observait détourner le visage, soupirer lourdement avant de venir vers elle en plongeant ses mains dans ses poches.

     

    Thomas : « J’ai appris ce qu’Ingrid t’as fais. Je ne sais pas ce qui lui à prit »

    Emilie : « Elle a pas aimé que je te blesses »

    Thomas : « C’était le jeu »

    Emilie : « T’as cherché à ce que j’aille plus loin »

     

    Elle le vit se raidir et détourner le visage de nouveau. Elle venait de poser un doigt sur quelque chose de sensible.

     

    Thomas : « T’as retenu tes coups »

    Emilie : « Je n’avais pas envie de te blesser gravement et puis, je me suis pas tant retenu. T’as beaucoup de force »

     

    Elle capta de nouveau son regard et lui sourit.

     

    Emilie : « J’ai juste eu l’occasion de m’entrainer plus souvent que toi »

    Thomas : « Alors t’accepterais ? »

    Emilie : « Quoi donc ? »

    Thomas : « Que de temps à autre on remette ça ? »

     

    La voyant hésiter il précisa que ça serait sans contre partie, juste pour s’entrainer.

     

    Emilie : « D’accord, ça défoule après tout »

     

    Satisfait, il esquissa un sourire et ils marchèrent côte à côte jusqu’à leur classes respectives. C’était mardi, Emilie avait botanique avant d’enchainer avec potion. Ses camarades lui parlèrent des cours de la veille puisque lorsqu’ils sont venus lui rendre visite à l’infirmerie la veille au soir, seul le duel avait été au cœur de leur conversation. Ainsi que l’exclusion pour le reste du mois d’Ingrid.

     

    Installée à sa table, elle entendit la voix du maitre des potions citer une page du manuel et ils ouvrirent leurs livres. Expliquant cette recette, chacun prenant des notes, Emilie se sentit s’absenter un instant. Elle revoyait Rogue penché au dessus d’elle, son regard intense lui avait donné l’impression de briller d’inquiétude. Effleurant sa gorge elle pouvait encore sentir ses doigts contre sa peau.

     

    Listant les ingrédients en donnant la particularité de chacun, son regard dévia vers l’élève qu’il ne voyait plus prendre de notes. Il observait ses doigts effleurer discrètement sa cicatrise qui disparaitrait d’ici quelques jours. Il était étonné de la voir déjà reprendre les cours, mais ça le rassurait. Il vit son regard se poser sur sa main et comprit à quoi elle songeait à cet instant. Il la vit remonter lentement son visage et son cœur commença à s’accélérer à l’idée de croiser son regard. Il en mourait d’envie.

     

    Mais elle se ravisa et rabaissa son visage vers son cahier en reprenant ses notes. Il détourna alors le sien, continuant son cours. Il revoyait Dumbledore venir le trouver lundi midi et lui signaler que Jones s’était réveillé.

     

    Albus : « Elle récupère rapidement »

    Severus : « Bien »

    Albus : « Et elle m’a demandé de vous remercier »

     

    Elle ne comptait donc pas venir lui parler de vive voix. Que pouvait-il espérer d’autre ? Il lui avait demandé de ne pas venir l’importuner.

     

    Les semaines passèrent dans le calme. Les Serpentards se tenaient à carreaux bien qu’ils ne pouvaient s’empêcher de lancer quelques piques aux Serdaigles. Mais si non, ça ne serait pas les Serpentards.

     

    Les examens de fins d’années, les devoirs à rendre, les journées passaient à toutes vitesses pour l’école qui n’avait pas le temps de profiter du printemps. La fin de l’année allait bientôt sonner désormais et avec elle, une page qui se tourne.

     

    Une page dont le point finale ne semblait pas vouloir trouver sa place dans le coin en bas à droite. Non, l’encre refusait de s’y imprégner, comme un gout d’inachevé. Comme la fin d’un roman niaiseux qui laisse un blanc pour nous  faire grogner, hésiter, regarder du coin de l’œil le second tome qui semble nous narguer. Ce même livre qu’on évitera, qu’on ignorera, avant de pester en le saisissant d’une main lourde.

     

    Il avait voulu l’éviter, l’ignorer, se disant que c’était mieux ainsi. Mieux pour elle, mieux pour lui. Mais son gout d’inachevé qui le brulait était de la laisser continuer à songer qu’il la déteste.

     

    Quand il arriva dans cet énième rayon de la bibliothèque, qu’il trouva le hasard bien amer et ironique de la mettre sur son chemin, il se figea. Elle l’observait du coin de l’œil, ses épaules venaient de se crisper. Elle se redressa pour ranger le livre qu’elle tenait et sans un regard pour lui, elle tourna les talons pour le contourner.

     

    Il ferma les yeux, la sentant passer là, tout près de lui. Il pouvait presque sentir son vêtement glisser contre le siens, ses doigts se tendre pour effleurer sa peau.

     

    Severus : « Jones »

     

    Ses pas s’étaient arrêtés à ce ton cassant. Il devait prendre sur lui, ne pas se retourner.

     

    Severus : « Je tenais juste à vous dire que je ne vous déteste pas »

     

    C’était dur. Trop dur. Plus tentant que mettre un pot de bonbon devant un enfant qui vient de courir dans tout les sens dehors. Plus tentant qu’un peu d’eau fraiche sous un soleil ardent.

     

    Il avait la bouche sèche. Il avait chaud.

     

    Il tourna la tête. Juste la tête. Juste un peu. Juste de quoi l’apercevoir.

     

    Severus : « Je ne vous déteste pas… Jamais. »

     

    Souffla-t-il. Il se sentait pitoyable. Pitoyable de ne pas pouvoir tenir une année de plus dans son ignorance. Pitoyable à ne pas pouvoir lui mentir. Pitoyable à prier qu’elle oublie ses mots abjectes qu’il lui avait pesté à la figure sans sourciller. Pitoyable à l’idée que si c’était elle qui le rejetait, là, maintenant, ça serait plus simple. Tellement plus simple.

     

    Emilie : « Moi oui professeur »

     

    Il l’entendit bouger légèrement et il inspira profondément pour prendre sur lui, pivoter et lui faire face. Son regard était vif, claire.

     

    Emilie : « Je vous en veux. Je vous en veux d’oser me mentir. Je vous en veux de réussir à me faire ressentir tout ca »

    Severus : « Je ne peux pas… »

    Emilie : « Je vous en veux de m’avoir sauvé »

     

    Son regard s’arrondit et ses lèvres s’apprêtèrent à lui répondre quand une présence se fit ressentir. Il détourna brièvement le visage mais lorsqu’il revient sur son élève, elle venait de s’éloigner de lui.

     

    Rusha : « Professeur Rogue »

    Severus : « Professeur  Wersol »

    Rusha : « Vous semblez soucieux »

     

    Il la fixa avec peu de délicatesse et s’en alla sans plus de considération pour elle.

     

    La fin d’année venait de sonner. C’était la dernière soirée où les élèves se réunissaient entre les murs de la Grande salle. La dernière de cette année scolaire.

     

    Conni : « Qu’est ce qu’il veut encore celui là ? »

     

    Les visages se sont tournés vers ce Serpentard, élégamment habillé pour l’occasion qui s’approchait du groupe d’ami, son sourire hautain accroché à ses commissures.

     

    Thomas : « Emilie, je crois que tu m’avais promis quelque chose »

     

    Il passa sa main gauche dans son dos et lui tendit la droite. La jeune femme ne sembla hésiter que très brièvement avant de glisser sa main dans la sienne. Il l’amena alors au milieu de la piste de danse et pendant que sa main passait de son dos au sien pour la rapprocher de lui, elle ne put empêcher son regard de dévier. Et c’est plongé dans ce regard intense qu’elle se laissa se rapprocher du jeune homme, que sa main glissa lentement le long de son bras pour s’arrêter à son épaule.

     

    Thomas : « Sais-tu au moins danser ? »

     

    Sa voix le ramena à situation et elle détacha son attention de lui pour observer son cavalier et lui sourire.

     

    Emilie : « Tu aurais du te renseigner plus tôt »

     

    Il sourit à sa remarque avant de s’élancer avec elle au rythme de la musique.

     

    Albus : « Qui aurait pu croire que l’année se finirait ainsi ? »

    Severus : « Effectivement »

     

    La voix du directeur venait de le sortir de sa torpeur. Se mélangeant aux autres professeurs, il tournait sciemment dos à cette scène, cette valse qui le rendait malade. Cette musique qui lui donnait le vertige.

     

    Il comptait sur le calme de cette fin de soirée pour lui faire oublier et sur l’eau chaude de sa douche pour le déconcentrer

     

    « Si vous me dites pourquoi vous agissez ainsi »

     

    Il pouvait encore sentir ses lèvres contre les siennes, cette sensation de bienêtre qu’il avait avorté en reculant. Ses lèvres… Il s’adossa contre la paroi de sa douche dont la fraicheur ne le tira pas des méandres de son esprit. Il la revoyait l’observer avec malice. Son fin sourire sur son visage. Sa lèvre mordue pour ne pas rire à la maladresse de son ami.

     

    « Je ne peux pas »

     

    Il entendait ses mots blessants qu’il avait répétés encore et encore pour pouvoir les lui dire sans sourciller.

     

    « Pourquoi vous agissez ainsi ? »

     

    Il la revoyait lui tourner le dos, l’ignorer, l’éviter.

     

    « Je vous hais »

     

    Il revoyait les sorts la toucher, ses propres poings se serrer. Il se passa ses mêmes mains sur le visage, laissant échapper un soupire tremblant.

     

    « Je vous en veux »

     

    Il la revoyait là, dans les bras d’un autre, son regard rivé sur lui. Un regard qui semblait être le seul capable de lire en lui, de le toucher en plein cœur.

     

    « Je vous en veux de m’avoir sauvé »

     

    Il revoyait son corps au sol, et lentement il glissa jusqu’à tomber par terre. Il revoyait son sang glisser, sa main se poser sur la sienne. Son regard se fermer.

     

    « Je vous en veux de me faire ressentir tout ça »

     

    Ses lèvres se mirent à trembler alors que son regard s’était embrumé de peine.

     

    Severus : « Je… Je ne peux pas… »

     

    Souffla-t-il pour lui-même.

     

    Emilie s’arrêta et se tourna vers l’école, l’observant, comme un adieu qui n’en était pas un.

     

    David : « Bon tu viens ? »

     

    Elle grimpa dans la barque qui les amenait vers la gare. D’une oreille distraite, elle écoutait ses amis parler de ce qu’ils allaient faire durant ces congés d’été.

     

    Imar : « Et toi Emilie ? »

    Emilie : « Moi ? Je vais… »

     

    Elle allait rejoindre sa famille au canada, y retrouver quelques connaissances, coller son grand père dans son atelier et certainement l’y aider. Elle allait encore s’engueuler avec sa mère qui ne voulait pas qu’elle devienne aurore comme son père. C’est trop dangereux et plus encore pour une fille. Elle songerait à son père, à sa sœur. Alors elle irait retrouver ses amis pour parler de cette année, comparer les écoles, resonger à lui. Elle boirait, irait danser, accepterait les avances de ce moldu. Elle s’en voudrait au réveil, elle lui en voudrait. Et puis elle resongerait à ce qu’il a dit, à ses mots, sa voix, ses regards. Elle retournerait boire, sortirait avec ses amis, oublierait pour quelques jours. Et puis elle s’appuierait contre l’encadré de l’atelier de son grand père, croiserait les bras et le regarderait travailler. Elle le prendrait dans ses bras, le laisserait l’embrasser sur la tempe, la serrer tendrement avant de lui souhaiter bon voyage. Elle partirait deux semaines avant la rentrée pour aller en France, revoir ses anciens camarades. Parler passé, avenir. Comparer les cours, les professeurs. Et elle replongerait. Elle resongerait à lui, gouterait les alcools Français, irait en soirée, se laisserait toucher par un autre pour qu’au moins une nuit, elle ne songe pas à lui, ne l’imagine pas. Au réveil elle se sentirait mal, irait finir la tête dans la cuvette des toilettes, prendrait trois douche et puis elle pesterait, jurerait contre elle-même.

     

    Enfin elle s’accroupirait sur le quai de la gare pour passer son index entre les barreaux de la cage de sa chouette pour lui gratouiller le jabot. Elle entendrait son nom, se relèverait et finirait dans les bras de ses amis avec qui elle raconterait ses congés dans le train qui les ramènerait à l’école.

     

    Elle tournerait la tête par la fenêtre pour voir le paysage défiler, se dirait que c’est une nouvelle année et aussi sa dernière année. Qu’elle le reverrait mais n’avait pas l’impression qu’elle flancherait. Non, elle pensait, espérait que c’était passé.

     

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